Disparu récemment à l’âge de 92 ans, Daniel Ellsberg a surtout été salué pour son rôle de lanceur d’alerte dans l’affaire des Pentagon Papers. Mais outre cette leçon de courage, on lui doit aussi une leçon de décision restée célèbre.
Imaginez que vous deviez choisir entre deux urnes, avec pour objectif de tirer une boule rouge. La première urne contient 50 boules rouges et 50 noires. La seconde contient 100 boules, rouges ou noires, en proportions inconnues. Le choix est donc entre un risque (quantifiable) et une incertitude (probabilité inconnue). En général, vous choisirez la première urne : le risque plutôt que l’incertitude.
Mais supposez maintenant qu’on vous demande de tirer une boule noire. Changez-vous d’avis ? Ce serait illogique : la couleur des boules n’a aucune importance… Pourtant, vous en tenir à la première urne est illogique aussi : votre choix initial impliquait que les chances de tirer une boule noire dans la seconde urne soient supérieures !
Ce paradoxe illustre l’aversion à l’incertitude : nous détestons tellement l’incertitude que, pour la fuir, nous sommes prêts à être incohérents. Et donc à délaisser des opportunités attrayantes, dès lors qu’elles sont difficiles à quantifier.