Fruit de l’imagination d’élèves ingénieurs, ce projet de transport rapide et écolo pourrait se concrétiser dès 2024 dans la ville lorraine.
Des sortes de capsules, individuelles, en duo ou prévues pour un vélo. En mai prochain, sur un parcours de plus d’un kilomètre, le projet “Urbanloop”, un mode de transport écologique et économique, passera son premier test officiel. Sur deux boucles, dotées de trois capsules et d’autant de stations, il tentera de battre le record du monde d’économie d’énergie pour un véhicule autonome.
Urbanloop est un projet développé depuis trois ans par quatre écoles
d’ingénieurs de Nancy avec l’Université de Lorraine. Imaginez des
capsules transparentes, individuelles ou en duo pour aller partout dans
la ville. Un projet qui s’inscrit dans le cadre des enjeux liés au
développement durable.
Comment imaginez-vous circuler en ville dans le futur ? Pourquoi
pas des capsules électriques qui filent sur les rails à une vitesse de
60 km/h. Elles peuvent vous emmener en solo ou en duo d’un point à un
autre sans jamais avoir à attendre. Un déplacement qui serait en plus
respectueux pour l’environnement. Il s’inscrirait totalement dans la
perspective des enjeux actuels du développement durable. Autre avantage,
en cette période de crise sanitaire liée à la présence du coronavirus,
ces capsules individuelles pourraient permettre d’être moins exposé au
virus tout en prenant un transport public.
Cette idée folle a été impulsée par Jean-Philippe Mangeot, enseignant à l’ENSEM
(École nationale supérieure d’Électricité et de Mécanique), à Nancy en
2017. Avec ses étudiants, ils planchent alors sur les premières
ébauches. Trois autres écoles d’ingénieurs se joignent au projet l’année
suivante : Télécoms Nancy, Mines Nancy et l’ENSG
(École nationale supérieure de Géologie).
Trois ans plus tard, après avoir suscité un engouement dans le monde
universitaire, le projet Urbanloop intéresse aussi les pouvoirs publics.
Il a même été repéré par quelques villes dans le monde, désireuses de
trouver une solution de mobilité urbaine sans voiture. Le printemps 2020
marque une nouvelle phase dans ce projet. La création d’une SAS
(Société par actions simplifiée) pour porter ce projet vers la phase
industrielle. Mais aussi l’achat de locaux dédiés au projet. Autant de
signes qui confirment que désormais Urbanloop entre sur le terrain des mobilités du futur.
Depuis quelques semaines, une capsule tourne sur le site du
Technopôle de Brabois. C’est le premier prototype à taille réelle. Il
roule de façon autonome sur une boucle de 300 mètres. Il permet de
prendre à son bord deux personnes. La consommation énergétique est
inférieure à 1 centime d’euro par km parcouru. (6 kWh/100 km). Une
capsule qui permet aussi de vérifier les calculs des ingénieurs et de
valider les points liés à la mécanique et à la sécurité.
On a instrumenté notre petite capsule avec des compteurs et des
petits processeurs… On arrive à avoir une précision de 200 millisecondes
Jean-Philippe Mangeot, Directeur de projet
Un nouveau prototype est en cours de fabrication pour poursuivre les
essais techniques. On pourrait le voir à l’œuvre après la rentrée de
septembre. L’équipe travaille aussi à la réalisation d’un circuit d’1
km. Cette fois, trois boucles et cinq stations seront mises en place
pour consolider les résultats jusque-là théoriques du fonctionnement en
temps réel du système avec plusieurs capsules en fonctionnement.
Urbanloop des capsules individuelles ou en duo sans attendre
Des capsules individuelles ou en duo sur rail 100 % électrique, sans
batterie à très faible consommation. Leur propulsion est assurée par un
moteur électrique alimenté par le rail, en très basse tension. La flotte
est composée de véhicules identiques avec des châssis et des
carrosseries communes, mais avec deux types d’aménagement intérieurs
possibles : deux sièges face à face ou un seul siège pour laisser la
place à une personne en fauteuil roulant et un accompagnateur ou un
voyageur et son vélo ou encore une personne et une poussette…
Des capsules peu visibles dans la ville. Elles pourront être
semi-enterrées en zone urbaine avec une transparence sur le dessus pour
être sous la chaussée par exemple ou sous une piste cyclable et
au-dessus du sol dans des zones plus vertes comme le long d’un canal par
exemple.
Pas de chantier pharaonique, dans leur dossier de présentation, les concepteurs d’Urbanloop précisent :
Les travaux et aménagements à réaliser sont plus proches de celles
d’un aménagement de piste cyclable que celles de la construction d’une
voie de tramway
Dossier de présentation Urbanloop
L’intelligence artificielle au service de l’environnement
Des capsules seraient disponibles à tout moment partout sur le circuit,
dans des stations et circuleraient de manière fluide sur le réseau. Pour
arriver à un tel degrés de précision, il faut une technologie innovante
comme peut l’être l’intelligence artificielle. Elle permet de gérer et
de synchroniser avec une précision imbattable le flux des capsules. “Les
aspects liés au contrôle-commande et à l’automatisation sont eux
radicalement innovants. Les sujets tels que l’automatisation, la
décision et la reconnaissance de l’environnement, les capteurs, la
connectivité, la supervision, la gestion dynamique des flottes, les
interfaces hommes-systèmes et l’entretien des équipements spécifiques
sont presque tous en rupture avec les systèmes existants.”
Urbanloop, une aventure pour les étudiants ingénieurs de Nancy et pour l’Université de Lorraine
En 2018, les premiers étudiants imaginent sur le papier les capsules.
Nous avions eu l’occasion de les rencontrer lors de ce reportage en 2018
En 2019, le projet prenait de l’ampleur avec désormais quatre écoles d’ingénieurs de Nancy associées soutenues par l’Université de Lorraine.
Urbanloop intéresse plusieurs acteurs. Il pourrait un jour prochain être
un transport public individuel urbain dans plusieurs villes de taille
moyenne. 2021 devrait être une phase importante pour développer le
concept. Les concepteurs visent une première boucle transportant du
public en 2024.