Projet câble genevois

Faut-il déployer une télécabine entre la frontière et l’aéroport? La question se pose à Genève alors que le Grand Conseil doit débattre, sans doute lors de sa session de jeudi et vendredi, d’un crédit d’étude de 3 millions de francs pour dresser l’avant-projet de cette liaison par câble. La messe n’est pas dite, loin de là. En Commission des travaux, le non l’a emporté à une courte majorité. Ensemble à Gauche dénonce l’impact du projet sur les rives du Rhône (qui motive l’opposition du WWF), l’UDC doute de sa rentabilité, le MCG redoute son impact sur les propriétés privées, tout comme le PLR, qui demande également que des priorités soient mises dans les chantiers de mobilité, ceux liés au projet d’agglomération ayant pris du retard.

Hasard du calendrier, une thèse vient tout juste d’être soutenue avec succès sur ce sujet à l’EPFL, le 15 mars. Fernando Simas a obtenu le titre de docteur avec un travail de près de 500 pages sur le «Transport à câble aérien en milieu urbain», où il examine notamment les enjeux genevois. Entretien.

À la lumière de votre étude, le projet genevois de télécabine a-t-il du potentiel?

Comme pour tout projet de transport, il faudra étudier ses qualités et ses défauts. Cette télécabine s’intègre bien dans le projet d’agglomération et pourrait donc prétendre à un soutien fédéral. Elle répond à la forte demande d’accessibilité qui se fait sentir dans les communes que le tracé dessert: citons Bernex, Plan-les-Ouates ou Bardonnex. De plus, son tracé a la caractéristique de ne pas être radial, mais périphérique: il permet ainsi de gagner l’aéroport sans passer par le centre. Ces arguments suffisent pour dire que ce projet mérite d’être étudié.

Vous notez que le tracé n’a pas d’intérêt touristique. Est-ce rédhibitoire?

Ce n’est pas un gros défaut. On est encore habitué à voir du transport par câble en montagne, pas en ville où il peut faire valoir d’autres avantages. Le Canton, qui durant des années n’a pas réussi à fournir sa part de logements au Grand Genève, doit bâtir et il a aussi besoin d’espace pour ses activités. À ce titre, un atout du transport par câble est sa faible emprise au sol.

Vous soulignez que le tracé de la télécabine suit plus ou moins celui de l’autoroute, en la croisant souvent.

On voit que le Canton est à la recherche d’une autre solution que l’automobile et qu’il fait l’hypothèse que les pendulaires laisseront leurs voitures à un parking relais à la frontière avant de continuer leur chemin par le câble. Mais un tel comportement est incertain. La connexion au parking relais ne saurait donc justifier à elle seule une télécabine. Mais celle-ci peut avoir d’autres utilités pour les nouveaux quartiers prévus sur son tracé, avec des milliers de logements. Les stations de télécabine pourraient en devenir des centralités. Le transport par câble permettant une grande flexibilité, on peut les imaginer en hauteur, enterrées ou encore donnant sur une place. Il est très important d’intégrer ces stations au bâti.

Vous imaginez une télécabine reliant l’aéroport au Salève via l’ONU et une station en plein lac. Réaliste?

Nous avons étudié toutes sortes de projets, plus ou moins proches d’une réalisation ou, comme celui-ci, destinés à ouvrir les esprits, un peu comme Maurice Braillard l’avait fait en son temps (ndlr: en 1935) avec son plan directeur qui redessinait Genève. Cela montre qu’on pourrait envisager, grâce au transport par câble, un hub de mobilité au milieu du lac, avec des bateaux de la CGN et des drones, qui aurait un intérêt touristique, par exemple pour les visiteurs de Palexpo, qui ne se rendent pas forcément en ville. Mais ce n’est pas immédiatement réalisable!

Source : tdg.ch

Nous avons étudié toutes sortes de projets, plus ou moins proches d’une réalisation ou, comme celui-ci, destinés à ouvrir les esprits, un peu comme Maurice Braillard l’avait fait en son temps (ndlr: en 1935) avec son plan directeur qui redessinait Genève. Cela montre qu’on pourrait envisager, grâce au transport par câble, un hub de mobilité au milieu du lac, avec des bateaux de la CGN et des drones, qui aurait un intérêt touristique, par exemple pour les visiteurs de Palexpo, qui ne se rendent pas forcément en ville. Mais ce n’est pas immédiatement réalisable!

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