Comment les smart cities tirent profit des jumeaux numériques

Difficile d’imaginer un système plus complexe qu’une grande ville. Bâtiments, routes, espaces publics, réseaux d’énergie et d’eau, transports en commun… Autant d’éléments interconnectés qui rendent les décisions d’aménagement compliquées, les conséquences d’une action ne pouvant être totalement anticipées. Pour pallier ce problème, plusieurs villes à travers le monde ont entrepris de se doter d’une réplique virtuelle.

Ces jumeaux numériques XXL reproduisent fidèlement la ville en 3D, de l’élévation des immeubles jusqu’aux arrêts de bus et aux arbres qui bordent les rues. Ils sont abreuvés de données provenant de ses infrastructures – consommation énergétique des bâtiments, trafic routier, émissions de CO2… – qui mesurent l’activité en temps réel à l’aide de capteurs. Le double virtuel permet de simuler nombre d’événements pour mieux s’y préparer : urgences médicales, manifestations, pics de pollution, incendies, inondations… Il permet aussi aux urbanistes d’expérimenter avant d’intégrer des changements, comme la rénovation d’un quartier, la fermeture d’une route, la création d’un rond-point ou la mise en place d’une ligne de tramway.

Singapour, laboratoire d’expérimentations

La cité-État de Singapour mène l’un des projets les plus impressionnants en la matière. Baptisé Virtual Singapore et lancé en 2014, la création de ce jumeau numérique a nécessité un budget de 73 millions de dollars. Il a notamment été utilisé par les opérateurs télécoms pour optimiser la couverture de leurs réseaux sans fil, par les propriétaires d’immeubles pour identifier les meilleurs emplacements de panneaux solaires et par les urbanistes pour améliorer la conception des parcs et des voies de circulation.

Simuler ces développements sur le jumeau numérique avant de les mettre en œuvre permet d’analyser les coûts et la faisabilité ainsi que de minimiser les imprévus. Cela facilite aussi la coordination de projets impliquant différentes entités, comme l’installation de rampes pour personnes à mobilité réduite parallèlement à la rénovation des espaces verts. Le gouvernement envisage par ailleurs d’utiliser ce double virtuel pour tester le comportement des véhicules autonomes dans le trafic dense de la ville.

L’Ile-de-France modélisée en 3D pour plus de services

En France, la métropole de Rennes fait figure de pionnière. Elle s’est lancée dès 2017 dans un projet de jumeau numérique couvrant toute son agglomération. Elle a fait appel, comme Singapour, à la solution 3DExperiencity de Dassault Systèmes. Là aussi, la motivation première est le partage de données – démographiques, topographiques, économiques – entre les différents acteurs de la ville afin de rendre les politiques publiques plus efficaces. Il est par exemple possible de simuler l’impact économique de l’aménagement d’un quartier en fonction du pourcentage de surfaces dédiées aux activités tertiaires, aux commerces et aux logements.

Les projets de villes numériques vont se multiplier

Le nombre de jumeaux numériques de villes va fortement progresser au cours des cinq prochaines années, d’après une étude publiée par ABI Research en septembre 2019. D’une poignée de projets l’an passé, on passerait à plus de 500 intégrations opérationnelles en 2025. Pour le cabinet, il ne s’agira pas dans la plupart des cas d’un seul grand modèle, mais de jumeaux numériques spécifiques de sous-éléments (réseau électrique, voiries, bâtiments connectés…) qui seront interconnectés.

L’étude indique également que d’importants investissements devront être réalisés pour tirer pleinement parti de ces simulations. Simplement rajouter quelques capteurs sur les infrastructures existantes ne suffira pas. Les trois acteurs en pointe sur la question sont Dassault Systèmes, dont la solution 3DExperiencity est déployée à Rennes [photo], Microsoft et Siemens, suivis par Bentley Systems, CityZenith et IES.

Cela implique évidemment la collaboration des entreprises privées, comme la SNCF. Cette dernière a entrepris en 2019 la création d’un jumeau numérique pour la gare de Rennes à l’occasion de sa rénovation. Il sera le premier d’une longue série, car la SNCF prévoit de numériser 3 000 gares en France. Quel intérêt pour une gare ? Pouvoir tester différentes dispositions de commerces, salles d’attente et autres afin de déterminer la faisabilité et l’impact sur les clients de potentiels aménagements. Ce double virtuel est également augmenté d’informations en temps réel provenant des équipements électriques afin d’optimiser la gestion du lieu. Escaliers mécaniques, ascenseurs, climatisation, éclairage, portes automatiques y sont visualisables et peuvent être contrôlées de façon centralisée.

L’Ile-de-France n’est pas en reste. La région s’est rapprochée en octobre 2019 de Siradel, une société rennaise rachetée par Engie et spécialisée dans la création de jumeaux numériques de villes. Elle a entrepris de modéliser l’ensemble du territoire francilien en 3D, en agrégeant et qualifiant les ensembles de données existantes, puis en les complétant avec ses propres données. Au total, plus de 10 000 jeux de données ont été réunis en un référentiel sur une durée de six mois, et 2,5 millions de bâtiments ont été modélisés en 3D.

Des véhicules équipés de caméras et de capteurs (humidité, pollution…) circulent dans les rues pour compléter ce tableau en donnant la vision la plus exhaustive possible de la ville. À partir de cette modélisation, un premier service baptisé Mon potentiel solaire sera proposé aux habitants cette année. Il permettra de simuler l’ensoleillement d’un toit, mètre carré par mètre carré et sur une période d’un an, afin de déterminer son réel potentiel énergétique (et économique) avant d’installer des panneaux solaires. Autre service disponible dès 2020, Smart Works recensera tous les lieux où il est possible de travailler en Ile-de-France (espaces de coworking, médiathèques, universités…), que ce soit pour quinze minutes, quatre heures ou plusieurs jours.

Une accélération à travers le monde

Le développement de jumeaux numériques accompagne la mise en place de smart cities à travers le monde. Le processus est lent, mais inexorable. Il varie aussi en fonction des régions du monde et des besoins des métropoles. Aux États-Unis, ces efforts sont centrés sur la mobilité. La ville de Philadelphie a par exemple utilisé une modélisation 3D pour simuler son système de transport public (arrêts de bus et de tramway) de manière à optimiser la desserte des zones d’habitation tout en limitant les coûts de prolongement de la ligne de tramway. En juin 2019, treize villes américaines ont fondé l’Open mobility foundation, la fondation pour une mobilité ouverte. Ces municipalités s’intéressent, entre autres, à la mise en place d’infrastructures connectées pour optimiser la gestion du trafic et à l’établissement de standards communs.

Car la prochaine étape, c’est de connecter les jumeaux numériques de plusieurs villes. En Asie du Sud-Est, l’Association of southeast asian nations a lancé l’an passé un projet pilote pour créer un réseau de jumeaux numériques, qui inclut évidemment Singapour, mais aussi Jakarta (Indonésie) et Cauayan City (Philippines).

Source : Comment les smart cities tirent profit des jumeaux numériques

La métamorphose de la gare de Rennes

Deux ans après l’arrivée de la LGV, Rennes a inauguré le 3  juillet sa gare qui a été totalement transformée. Un toit blanc tout en transparence, composé de coussins d’air sculptés, coiffe désormais le bâtiment côté nord qui domine une partie de la ville sur une colline aménagée. Un sacré coup de jeune pour cette gare construite à la fin du XIXe siècle pour l’arrivée de la ligne Paris – Brest.

L’opération a nécessité six années de concertation et d’études, puis quatre ans de travaux. Le tout pour un investissement de plus de 130 millions d’euros.

Source : La métamorphose de la gare de Rennes – Ville, Rail et Transports

Voici les 16 expérimentations qui visent à faire de la France un moteur en matière de véhicules autonomes

L’Etat a annoncé le 24 avril 2019 accorder sa confiance à 2 consortiums réalisant 16 expérimentations de véhicules autonomes dans l’Hexagone. Objectif : tester différentes technologies dans des environnements variés (en zones urbaine et rurales) tout en contribuant à favoriser l’acceptation de ces véhicules autonomes auprès des citoyens. Keolis, Transdev, la RATP, Renault, PSA, Valeo mais aussi des collectivités territoriales contribuent à l’essor de cette technologie. Présentation.

Voici les 16 expérimentations qui visent à faire de la France un moteur en matière de véhicules autonomes
Voici les 16 expérimentations qui visent à faire de la France un moteur en matière de véhicules autonomes © Twitter @Min_Ecologie

“Le véhicule autonome va très concrètement pouvoir entrer dans le quotidien des citoyens”, clame Elisabeth Borne. La ministre chargée des Transports a dévoilé mercredi 24 avril 2019 les 16 expérimentations de véhicules autonomes, menées par 2 consortiums, auxquelles l’Etat accorde sa confiance et une enveloppe de 42 millions d’euros. Une somme complétée par les acteurs du consortium à hauteur de 78 millions d’euros.

Ces annonces font suite à la présentation par le gouvernement en mai 2018 de sa stratégie nationale pour le développement des véhicules autonomes et à l’ouverture d’un appel à projets pour des expérimentations de grande échelle. Le but est de faire de la France “un moteur en matière d’expérimentations sur le véhicule autonome“, assure la ministre en charge des Transports.

Deux consortiums pour favoriser les échanges

Pourquoi 16 expérimentations ? L’objectif est “d’avoir un nombre limité de projets ayant une taille suffisante afin de créer et d’exploiter un maximum les synergies entre les cas d’usage pour mutualiser les connaissances”, explique Elisabeth Borne. D’où la formation de deux consortiums favorisant l’échange entre les acteurs.

Ces consortiums regroupent des acteurs traditionnels de l’industrie automobile, des nouveaux acteurs comme les constructeurs de navettes autonomes, des acteurs du transport collectif et des collectivités territoriales. A charge pour ces derniers d’échanger et partager entre eux les informations qu’ils vont recueillir sur les questions de sécurité, d’acceptabilité ou encore d’insertion de ces solutions avec les modes de transport locaux.

Quelles sont les 16 expérimentations ?

Territoires ruraux et urbains, service de transport à la demande, complément des transports en commun… Ces expérimentations répondent à des usages divers et variés afin de permettre aux acteurs de trouver un business model à l’utilisation coûteuse de véhicules autonomes et de favoriser leur acceptation auprès de tous les publics. Le consortium SAM (Sécurité et acceptabilité de la conduite et de la mobilité autonome) regroupe 13 expérimentations, tandis que le consortium ENA (Expérimentations de navettes autonomes) en regroupe 3.

Les expérimentations SAM :

  • PSA et Renault veulent parcourir 15 000 kilomètres sur des routes à chaussées séparées en Ile-de-France afin de réaliser des tests de roulages massifs de validation de sécurité.
  • Valeo va mettre en place un système de valet de parking automatisé dans un parking souterrain Indigo situé à Paris. 12 à 15 véhicules électriques en auto-partage seront concernés par cette expérimentation.
  • A l’aide de deux navettes autonomes, PSA veut transporter jusqu’à 300 voyageurs par heure en heure de pointe sur un trajet de 7,2 km situé sur une emprise ferroviaire péri-urbaine désaffectée aux alentours de Carquefou, près de Nantes (Loire Atlantique).
  • La RATP va opérer deux navettes autonomes et 4 véhicules particuliers autonomes circulant sur un total de 14 km de voirie à Paris Rive Gauche.
  • La RATP veut étendre son projet mené au Bois de Vincennes en faisant circuler 3 navettes EasyMile et 2 navettes Navya en prolongement d’une ligne de bus.
  • La RATP va expérimenter trois navettes autonomes EasyMile dans la zone rurale reliant la gare RER de Saint-Rémy-Lès-Chevreuse à un parking distant de 4,3 km.
  • Transdev et Renault vont mener leur projet reliant la gare RER de Massy au plateau de Saclay. Le premier service est une desserte de nuit à l’aide d’une navette autonome. Le deuxième service est un rabattement à la demande en navette autonome. Le troisième est un service type VTC avec 4 véhicules particuliers Renault.
  • Transdev et Renault vont poursuivre leur projet à Rouen comportant trois services différents. Le premier est un complément par 6 navettes autonomes à une ligne de bus existante. Le deuxième est la substitution par ces mêmes navettes à une autre ligne de bus. Le troisième est la desserte à la demande du centre-ville par 4 véhicules particuliers Renault.
  • A Vichy, Transdev va faire circuler une navette EasyMile sur un trajet de 1,2 km fermé à la circulation mais ouvert aux piétons et modes doux.
  • Keolis veut approfondir son expérimentation menée sur le campus de l’Université de Rennes 1. Deux navettes Navya, auxquelles s’ajouteront deux navettes provenant d’un autre constructeur, vont circuler sur un trajet de 2,6 km puis 6,2 km.
  • A Clermont-Ferrand, Keolis va opérer trois navettes EasyMile sur un trajet de 2,8 km.
  • Des navettes EasyMile vont relier l’oncopole de Toulouse à son parking.
  • Comme un Franprix parisien, Montpellier va tester des droïdes Twinswheel pour livrer soit des produits locaux vers les commerces et restaurants du centre-ville soit des colis hubs logistiques et commerçants.

Les expérimentations ENA :

  • La communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis va opérer deux navettes autonomes sur une distance de 1 km.
  • Nantes Métropole va opérer 3 ou 4 navettes autonomes  à partir du terminus de la logne de tramway T3 sur une distance de 2,4 km.
  • La Communauté de communes Cœur de Brenne (Centre-Val de Loire) va proposer à des personnes âgées ou non véhiculées de monter à bord de l’une des 2 navettes autonomes circulant de manière régulière sur une boucle de 22,3 km.

Source : Voici les 16 expérimentations qui visent à faire de la France un moteur en matière de véhicules autonomes

Qui a ouvert quoi ? le recensement des données des villes est maintenant ouvert

Plus de 400 jeux de données ouvertes à explorer
Parcourir les données du recensement : frama.link/recensement_communes_explore
Télécharger les données du recensement (format Open Document, licence CC-BY-SA 4.0) : frama.link/recensement_communes_ods

Le recensement des données ouvertes par les municipalités vous permet de connaitre quelle commune a ouvert quel jeu de données sur un échantillon de 16 villes en France. Il n’est pas exhaustif mais il permet d’ores et déjà de découvrir plus de 400 jeux de données ouverts et ouvrables. Ce travail d’exploration révèle les difficultés des réutilisateurs quant à la découvrabilité et à la qualité des données ouvertes. Des données manquent ? Avec DODOdata, nous pouvons vous aider à les ouvrir !

Source : Qui a ouvert quoi ? le recensement des données des villes est maintenant ouvert

Le service de covoiturage WayzUp intègre les abonnements transport de huit villes

Le service de covoiturage de proximité WayzUp intègre les pass transport de huit grandes agglomérations. L’objectif ? Inciter les abonnés à covoiturer sur les trajets domicile-travail, et les collectivités à prendre en charge à terme le financement du service.

Source : Le service de covoiturage WayzUp intègre les abonnements transport de huit villes

Étude : Mobilité et villes moyennes. État des lieux et perspectives

À la suite des élections municipales de 2014, la presse s’est emparée d’un mouvement qui, selon elle, touche plusieurs agglomérations, et en particulier les villes moyennes. Celui d’une redéfinition, voire même une remise en question, des choix opérés en matière de projets de mobilité durable et de déplacement tels que décidés par les équipes précédentes. La problématique concerne la place de la voiture en centre-ville et plus précisément, le postulat selon lequel, seule la voiture contribue au dynamisme économique des centres villes.

Face à ce constat, le GART a souhaité analyser ce phénomène, au travers de son étude « Mobilité et villes moyennes. État des lieux et perspectives ». Fort des analyses réalisées dans ce cadre, tous les modes de transport ont leur créneau de pertinence dans la chaîne de mobilité. La cohabitation entre dynamisme de centre-ville et solutions de mobilité durable est compatible.

Il paraît nécessaire de réfléchir à des solutions pour les agglomérations de taille intermédiaire et il n’existe pas de modèle « unique » en la matière ; cette étude propose des pistes qui peuvent être adaptées aux contextes locaux, notamment :

– l’intégration de la voiture dans une logique de mobilité durable et de complémentarité avec les modes alternatifs ;

– l’évolution des réseaux de transport collectif et le développement des solutions coordonnées de mobilité.

À l’heure de la COP21, le GART considère qu’il est essentiel de réaffirmer la place des villes moyennes dans la lutte engagée en faveur du report modal et de la transition énergétique.

Source : Site GART – Mobilités

Téléchargez ici l’étude mobilité et villes moyennes 1,35 Mo